Sur les flancs d'une colline boisée, au nord-est de la Côte-Saint André, se trouve la commune du Mottier, dont le territoire est traversé par la route de La Frette à Bourgoin. Cette commune est remarquable, non seulement par son église, mais encore par les ruines d'un vieux château appelé le Château de Bocsozel.
L'Eglise du Mottier provient d'un ancien prieuré de Bénédictins qui remonte évidemment, dit M.A. Macé dans son "Itinéraire du chemin de fer de Saint-Rambert à Grenoble", au 11ème siècle.
Le clocher, le portail, la voûte, n'ont aucun caractère. Mais ce qu'il faut conserver à tout prix, c'est le choeur, qui est un des types les plus parfaits de l'architecture romane secondaire. L'ensemble de ce choeur, ayant besoin d'urgentes réparations, présente les caractères les plus nettement accusés de l'architecture du 11ème siècle, et c'est une des plus belles oeuvres que l'art roman ait laissées dans notre pays.
La voûte repose sur des arcades à plein cintre, d'inégale ouverture, qui s'appuient sur huit colonnes cylindriques dont les chapiteaux sont infiniment variés, intéressants et curieux. Ces chapiteaux sont tous plus ou moins cubiques et les deux du fond affectent surtout cette forme.
M. Macé pense que ceux-ci appartiennent à une construction plus ancienne, parce que les dessins, tout à fait primitifs et archaïques qui les décorent, dessins en losanges entre-croisés, ne sont nullement historiés, tandis que les chapiteaux des 6 autres colonnes représentent des fleurs, des serpents entrelacés, des figures, des personnages entiers, des sujets historiés très variés et sculptés par des artistes beaucoup plus habiles.
Le Château de Bocsozel, dont il n'existe plus que quelques pans de murailles et une tour dont les soubassements seuls sont anciens, couvrait évidemment autrefois le sommet de ce coteau dont la hauteur atteint 570 mètres au-dessus du niveau de la mer.
La famille de Bocsozel, dont une des branches posséda, à partir du 13ème siècle, la terre importante de Maubec, près de Bourgoin, est une des plus célèbres de l'histoire du Dauphiné, surtout, dit M. Macé, parce que, jusqu'au traité de 1355, qui céda aux rois-dauphins toutes les possessions des comtes de Savoie en deçà du Guiers, les membres de cette famille furent les plus ardents appuis des comtes de Savoie.
Suivant Guy Allard, Humbert de Bocsozel était conseiller du comte de Savoie en l'an 1290. Guillaume et Hugues de Bocsozel, père et fils, se signalèrent à la bataille de Varey, en l'an 1325.
Jacques de Bocsozel, chevalier de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, mourut à la prise de Rhodes.
Chacun sait, ajoute Guy Allard, la funeste aventure de Piraud de Bocsozel, sieur de Chastelard, qui, ayant osé lever ses pensées amoureuses sur Marie Stuart, fut décapité à Edimbourg. Il y avait été trouvé caché dans la chambre de la reine. Il s'écriant en mourant : "Adieu la plus belle et la plus cruelle princesse du monde."